Action antifasciste

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Pour l'organisation allemande des années 1930, voir Antifaschistische Aktion.

Action antifasciste
Histoire
Fondation
Cadre
Méthode
Action directe (théorie politique), Activisme politique, Manifestations, partage d’informations, réflexion théorique sur l’antifascisme, graffiti, musique, etc.[1]
Organisation
Idéologie
AntifascismeVoir et modifier les données sur Wikidata
Positionnement
extrême gauche, Mouvement autonome, Anarchisme

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L’Action antifasciste, Antifaschistische Aktion, Antifascistische Aktie, Antifascist Action ou Antifascistisk Aktion — abrégé AFA (France et pays scandinaves) ou Antifa (allemand/néerlandais/anglais/italien) — est un réseau informel de collectifs[réf. nécessaire] autonomes d'extrême gauche, principalement anarchistes, qui se réclament de l'antifascisme et promeuvent l'action directe contre toutes les formes d'extrême droite.

Des collectifs antifascistes sont présents surtout, mais pas seulement, en Allemagne, France, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Suède, Italie, Danemark, Norvège, Australie, Canada, Israël et aux États-Unis.

Définition

Le terme « antifa » renvoie, selon l'historien Gilles Vergnon, à « des positions qui relèvent soit de l’anarchie radicale, ou de l’ultragauche ». D'après le photojournaliste Guillaume Origoni, « ce sont des étudiants, des fils et des filles de bonne famille, des travailleurs du tertiaire »[2].

Éléments historiques

L'antifascisme avant 1945

Article détaillé : Antifascisme.

C'est dans les années 1920, après la prise de pouvoir de Mussolini, qu’apparaît pour la première fois le concept d'« antifascisme » dans la communauté des réfugiés politiques italiens en France. En , des opposants italiens au fascisme fondent la Concentration d'Action antifasciste (Concentrazione d'azione antifascista) réunissant des militants exilés de la plupart des forces de gauche à l'exception des communistes et des catholiques (PSIL, PSI, Parti républicain, CGL, Ligue italienne des Droits de l'Homme)[3],[4]. Elle est active jusqu'en 1934[5]. À la même époque, des anarchistes seront à l'initiative d'un Comité d'action antifasciste[6].

En Allemagne, le , le Parti communiste d'Allemagne (KPD) lance une « Action antifasciste » pour faire barrage au Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP). Il s'ensuit une collaboration entre quelques organisations du KPD et du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD)[7].

En France, le , les partis qui composeront le Front populaire signent un « pacte d’unité d’action antifasciste ». Son expression la plus notable est la puissante manifestation du convoquée à l’appel des trois partis constitutifs du Front populaire, de la CGT et de la CGTU et de dizaines d’associations[8].

En France, de 1934 à 1939, est constitué un Comité de vigilance des intellectuels antifascistes[9]. Résolument internationaliste et pacifiste, ce comité regroupe principalement des intellectuels francophones de gauche décidés à s'opposer à la montée du fascisme en France comme en Europe[10],[11],[12]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés continuent de se réclamer de l'antifascisme, qui est tout particulièrement utilisé par l'URSS et les résistants communistes.

Les « antifas » contemporains

Le logo du Réseau No Pasaran (2010)[13].
Manifestation d'antifas en hommage à leur camarade Clément Méric à Paris en 2016.

En 1985 à Londres (Royaume-Uni), le réseau décentralisé Anti-Fascist Action est créée en réaction aux Skinheads NS et WP et à la montée de l'extrême droite.

En France, après le massacre du par la police sont organisées plusieurs grandes manifestations antifascistes de à de plusieurs dizaines de milliers de personnes, qui font face à des violences policières nombreuses y compris contre des personnes âgées et des membres du conseil municipal de Paris et du conseil général de la Seine, dont son président Georges Dardel. Celles-ci mènent à évoquer face à un large public, dans la presse et la police, la présence d'éléments fascistes au sein de la police dissimulés après le 17 octobre. Ces manifestations mènent à l'apparition de nouveaux mouvements antifascistes plus radicaux qui s'organisent pour faire face aux attentats de l'OAS contre lesquels la police se révèle inefficace : à l'automne 1961 se crée le Front universitaire antifasciste, puis la Ligue d’action pour le Rassemblement antifasciste de Sartre, Bourdet, et Panijel, les Groupes d’action et de résistance du PSU, en , qui complètent la lutte contr l'OAS hors du quartier latin. L'attentat perpétré par l'OAS le , qui vise André Malraux mais blesse en fait Delphine Renard, la fille de 4 ans de sa concierge d’André Malraux, qui devient partiellement aveugle et défiguré. Il achève de faire basculer l'opinion publique contre l'OAS, après le massacre des algériens du 17 octobre. Le 8 février 1962 se déroule une nouvemme manifestation qui attire moins de participation par crainte des violences policières. Elle donne lieu à une charge de police frappant y compris des personnes insconscientes au sol, les blessés se réfugient à l'entrée de la station de métro Charonne, les policiers continuent les frapper et leur jettent divers objets dont de lourdes grilles métalliques, ils tuent ainsi 8 personnes dont un mineur, et une neuvième qui décèdera de ses blessures, et blessent une centraine de personnes parfois grièvement. Cette répression du 8 février 1962 donne lieu a une couverture médiatique extrêmement large et donne lieu à des obsèques le qui sont l'événement le pluis suivi depuis la Libération est entrée dans l'histoire comme un symbole de la violence policère gratuite[14].

Puis, dans les années 1980 des collectifs antifascistes autonomes (Section carrément anti-Le Pen), souvent non organisés et non institués, se fédèrent en partie dans le Réseau No Pasaran qui s'auto-dissout en 2013.

En 1990, est créé le réseau associatif Ras l'front dont le but est de lutter contre le Front national et ses idées. Fin des années 2000, le réseau disparait.

Graffiti antifasciste sur un mur de Sarajevo.

L'antifascisme contemporain n'est pas à proprement parler un mouvement unifié et structuré. Selon Gilles Vergnon, professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d'études politiques de Lyon et auteur de l’Antifascisme en France : « le mouvement antifasciste n’est plus du tout organisé au niveau national comme c’était le cas dans les années 1990 »[15], et par ailleurs, « c’est une mouvance qui postule un antifascisme radical, c’est-à-dire qu’il n’est pas question d’avoir des alliances larges contre le Front national : ils ne s’allient ni avec la droite modérée ni avec la gauche du gouvernement »[16].

Dans les années 2000, il n’existe plus d’organisation nationale active et coordonnées. Pour Guillaume Origoni, docteur en histoire contemporaine à Paris X, spécialiste des groupes radicaux, « depuis le début des années 2000 […] les modes d’action ne se réfèrent pas à un grand projet de transformation de la société mais plutôt à des combats précis […] En ce moment, ce sont les violences policières »[2].

En est créée l'Action antifasciste Paris-Banlieue[17].

Organisation

Graffiti antifa, Trnava, Slovaquie, 2007.

Les groupes se réclamant de l'appellation Action antifasciste ne sont ni un parti, ni une organisation politique formelle, ni une association. Ils s'organisent en « collectifs » qui agissent par différents moyens : manifestations, rassemblement, vandalisme, partage d’informations, réflexion théorique sur l’antifascisme, graffiti, musique, évènement culturel etc.[1].

Indépendants les uns des autres, les groupes, souvent « affinitaires », forment une mouvance plus qu'un véritable mouvement traditionnel organisé. Le politologue Nicolas Lebourg précise que « c’est assez typique d’une nouvelle forme de militantisme qui se construit loin d’un parti monolithique ou d’un léninisme d’une seule teinte[18] ».

Ils disposent de sites internet ou de pages Facebook pour annoncer leurs actions[2].

Pour l'historien Gilles Vergnon, les antifas vivent aujourd'hui dans une « semi-clandestinité », pour eux, « le fascisme c'est l'État, la police, le capitalisme, l'homophobie, le racisme... C'est une vision très dilatée du fascisme »[2].

Critiques

Logo du mouvement PEGIDA.

Aux États-Unis

En , un rapport de l'État du New Jersey classe la surveillance des groupes antifas dans la catégorie du contre-terrorisme intérieur[19].

Critiques de la part de l'extrême droite

Le logo du mouvement PEGIDA, mouvement de droite populiste (rechtspopulistisch)[20],[21] contre l'immigration islamique en Allemagne (fondé en 2014), montre un homme jetant dans une poubelle une croix gammée, un drapeau communiste, un logo de l'Action antifasciste et un drapeau de l'État islamique[22].

En 2017, Marine Le Pen, présidente du Front national, demande la dissolution des groupes antifas, les qualifiant de « milices d'extrême gauche, utilisées par le gouvernement »[23],[24].

Galerie

Bibliographie et sources

  • Gilles Vergnon, L’antifascisme en France, de Mussolini à Le Pen, Presses universitaires de Rennes, 2009.
  • Sylvain Boulouque, « Manifestation hommage à Clément Méric : quel avenir pour l'antifascisme ? », L'Obs, , [lire en ligne].
  • Matteo Puxton, « Syrie - Brigade Michael Israel : des volontaires antifascistes contre l'armée turque », France Soir, , [lire en ligne].
  • Bernd Langer, Antifa : Histoire du mouvement antifasciste allemand, traduit de l’allemand pas Sarah Berg, Éditions Libertalia et La Horde, 2018, présentation éditeur, notice critique dans Le Monde diplomatique de décembre 2018.
  • Jean Faniel, Dis, c'est quoi l'antifascisme ?, Renaissance du livre, 2022, 96 pages, extraits en ligne.
  • (de) Projektgruppe (Hrsg.), Antifa. Diskussionen und Tips aus der antifaschistischen Praxis, ID-Verlag, Berlin, 1994, [lire en ligne].

Vidéos

  • Hazem El Moukaddem, Régis Dubois, Acta non verba, film documentaire, Marseille, Collectif Nosotros, 2014, 66 minutes, voir en ligne.
  • Action antifasciste à Sciences Po Paris le jeudi , contre la présence du FN à Sciences-Po Paris, voir en ligne.

Notes et références

  1. a et b Elian Peltier, « Un militant « antifa » : « On est un peu comme une armée de réserve » », Rue89,‎ (lire en ligne).
  2. a b c et d Tanguy Youen, « Les “antifa” appellent à manifester pour Théo : de quoi parle-t-on ? », sur LCI, >.
  3. Pierre Guillen, L'antifascisme, facteur d'integration des Italiens en France dans l'entre-deux-guerres, Recherches régionales 06, 1982, [lire en ligne].
  4. Stéfanie Prezioso, L’antifascisme italien entre deux révolutions : Carlo Rosselli, Giustizia e Libertà et la révolution antifasciste, revue Dissidences, n°7, été 2014, [lire en ligne].
  5. « La Concentrazione d'azione antifascista (Concentration d'action antifasciste), active de 1927 à 1934 », Stéfanie Prezioso, Aujourd'hui en Espagne, demain en Italie. L'exil antifasciste italien et la prise d'armes révolutionnaire, Vingtième Siècle, Revue d'histoire, 2007/1, n°93), pp. 79-91, DOI 10.3917/ving.093.0079, [lire en ligne].
  6. Gaetano Manfredonia, Les anarchistes italiens en France dans la lutte antifasciste in Pierre Milza (dir.), Les Italiens en France de 1914 à 1940, École française de Rome, volume 94, n°1, pp. 223-255, 1986, [lire en ligne].
  7. Collectif, La guerre froide revisitée, Éditions L'Âge d'Homme, 2004, page 225.
  8. Danielle Tartakowsky, Le Front populaire en marche, Histoire par l'image, 2016, [lire en ligne].
  9. Serge Wolikow, Le Front populaire en France, Éditions Complexe, 1996, p. 68.
  10. Nicole Racine-Furlaud, Le Comité De Vigilance Des Intellectuels Antifascistes (1934-1939). Antifascisme Et Pacifisme, Le Mouvement Social, n°101, 1977, p. 87-113, [lire en ligne].
  11. Benoite Bureau, « Nous continuerons à nous vouloir intacts ». Expérimentations politiques des surréalistes dans les années 1930, revue Dissidences, n°1, printemps 2011, [lire en ligne].
  12. Jacques Droz, Histoire de l'antifascisme en Europe (1923-1939) (2001), La Découverte, coll. « [Re]découverte », , 322 p. (ISBN 978-2-707-13445-5, DOI 10.3917/dec.drozj.2001.01, lire en ligne), p. 37
  13. Fédération internationale des centres d'études et de documentation libertaires : Réseau No Pasaran - solidaires - égalitaires - libertaires.
  14. Jim House et Neil MacMaster (trad. Christophe Jacquet), Paris 1961. Les Algériens, la terreur d'État et la mémoire, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », , 756 p. (ISBN 978-2-072-93190-1, DOI 10.3917/gall.house.2021.01, lire en ligne), p. 388-418
  15. Tiphaine Le Liboux, « Les antifascistes, des survivants des années 90 », Libération, 6 juin 2013.
  16. Carole Boinet, « De la rue au Web : qui sont les antifa ? », Les Inrocks,‎ (lire en ligne).
  17. Ugo Palheta et Omar Slaouti, Défaire le racisme, affronter le fascisme., La Dispute,, coll. « Entretiens », , 168 p. (ISBN 978-2-843-03323-0, DOI 10.3917/disp.palhe.2022.01, lire en ligne), p. 171
  18. Matthieu Goar, La galaxie des nouveaux antifascistes, 20 Minutes, 11 juin 2013.
  19. (en) « Anarchist Extremists: Antifa », sur New Jersey Office of Homeland Security and Preparedness (consulté le )
  20. (de) « Pegida: Was steckt hinter den neuen Montagsdemos? », spiegel.de, 9 décembre 2014.
  21. (de) « Potential für eine rechtspopulistische Partei », faz.net, 20 janvier 2015.
  22. Thomas Liabot, « Pegida, le mouvement anti-islam qui inquiète l'Allemagne », LeJDD.fr,‎ (lire en ligne).
  23. « Marine Le Pen élue, dissoudrait les « antifa» » [archive du ], sur Libération, (consulté le ).
  24. Marc de Boni, « Marine Le Pen accuse le gouvernement d'“utiliser” les groupes “antifas” », Le Figaro, [lire en ligne].

Voir aussi

Articles connexes

Une catégorie est consacrée à ce sujet : Action antifasciste.

Liens externes

  • Notices d'autoritéVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • Israël
    • Tchéquie
  • « Action antifasciste », sur La Horde.
  • Collectif, « Appel commun d'antifascistes en soutien aux organisations kurdes révolutionnaires », sur Mille Babords, .
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