Tour de France 1998
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/ad/Pantani_Bike_1998_TdF.jpg/260px-Pantani_Bike_1998_TdF.jpg)
Course | 85e Tour de France ![]() |
---|---|
Étapes | 21 |
Date | 11 juillet au |
Distance | 3 875 km |
Pays traversé(s) | France, Irlande, Suisse |
Lieu de départ | Dublin ![]() |
Lieu d'arrivée | Paris ![]() |
Partants | 189 ![]() |
Vitesse moyenne | 39,983 km/h |
Vainqueur | ![]() |
---|---|
Deuxième | ![]() ![]() |
Troisième | ![]() ![]() |
Classement par points | ![]() |
Meilleur grimpeur | ![]() |
Meilleur jeune | ![]() |
Super-combatif | ![]() ![]() |
Meilleure équipe |
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1c/Route_of_the_1998_Tour_de_France.png/260px-Route_of_the_1998_Tour_de_France.png)
![Voir et modifier les données sur Wikidata](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/73/Blue_pencil.svg/10px-Blue_pencil.svg.png)
![Voir et modifier les données sur Wikidata](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/73/Blue_pencil.svg/10px-Blue_pencil.svg.png)
modifier - modifier le code - modifier Wikidata
Le Tour de France 1998 est la 85e édition du Tour de France cycliste, ce tour est aussi surnommé « le tour de la honte » en raison des affaires de dopage qui l'ont entaché. Il commence à Dublin, en Irlande, le 11 juillet et se termine à Paris le , après 21 étapes pour 3 875 km. Cette date inhabituelle est due à la concurrence de la Coupe du monde de football 1998 organisée en France. Il est remporté par l'Italien Marco Pantani, devant l'Allemand Jan Ullrich et l'Américain Bobby Julich. Ce Tour de France est marqué par plusieurs affaires de dopage, dont l'affaire Festina, qui entraînent l'exclusion ou le départ de plusieurs équipes.
Présentation
Parcours
À la fois pour des raisons d'attention médiatique et de maintien de la sécurité, cette édition est retardée par la coupe du monde de football 1998 organisée en France. Le grand départ du Tour a lieu à Dublin, en Irlande. Il s'agit du treizième départ à l'étranger depuis la création de l'épreuve en 1903, et le premier depuis une île[1]. Comme à son habitude, le Tour commence par un prologue, entièrement tracé dans le centre historique de la capitale irlandaise[1]. L'île accueille également les deux premières étapes, avant le retour en France des coureurs. Le parcours rend hommage à Stephen Roche et Sean Kelly, deux anciens champions cyclistes irlandais et tous deux à l'origine du projet de grand départ : ainsi, le départ réel de la première étape est donné depuis le village natal de Roche, tandis que la deuxième étape traverse la commune de résidence de Kelly[1]. Seamus Elliott, premier Irlandais vainqueur d'étape et porteur du maillot jaune sur le Tour de France 1963, est également mis à l'honneur par les organisateurs de l'épreuve qui déposent une gerbe sur sa tombe peu avant le grand départ[2].
L'arrivée finale se juge aux Champs-Élysées.
Principaux favoris
Tenant du titre, l'Allemand Jan Ullrich suscite les interrogations des suiveurs après un début de saison peu convaincant[3]. Le Français Richard Virenque et l'Italien Marco Pantani, respectivement deuxième et troisième du dernier Tour de France, figurent parmi les principaux favoris, bien qu'ils déplorent tous deux le tracé qu'ils jugent trop peu montagneux[3]. Une interrogation subsiste également quant à la forme du grimpeur italien, qui vient de remporter le Tour d'Italie. De son côté, Richard Virenque peut compter sur de solides équipiers, la formation Festina étant alors considérée comme la meilleure équipe du monde, d'autant plus depuis la signature en début de saison du Suisse Alex Zülle, deuxième du Tour de France 1995 et double vainqueur du Tour d'Espagne[3]. Champion de France en titre, Laurent Jalabert annonce son objectif de monter sur le podium final du Tour, malgré deux dernières éditions décevantes[3].
Déroulement de la course
Grand départ en Irlande
![Carte dessinée sur openstreetmap faisant apparaître le tracé en noir et jaune, avec le kilométrage affiché.](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/25/1998_Tour_de_France%2C_Prologue_map.png/220px-1998_Tour_de_France%2C_Prologue_map.png)
Grand favori du prologue, le coureur britannique Chris Boardman, déjà vainqueur en 1994 et 1997, l'emporte en couvrant les 5,6 km du parcours à une moyenne supérieure à 54 km/h. Les principaux favoris du Tour réalisent un bon temps : Abraham Olano se classe deuxième à 4 secondes de Boardman, devant Laurent Jalabert, Bobby Julich, Christophe Moreau et Jan Ullrich, tous à 5 secondes[4],[5]. Seul Marco Pantani, qui n'est pas spécialiste de ce type d'épreuve, accuse un retard conséquent : il concède 48 secondes au vainqueur et se classe au 181e rang du prologue[6]. Le Tour rencontre un immense succès populaire : selon la police irlandaise, entre 80 000 et 100 000 spectateurs sont massés sur les routes de ce prologue[4].
Les deux premières étapes tracées sur le sol irlandais sont marquées par de nombreuses chutes. Lors de la 1re étape, le sprinteur italien Mario Cipollini, que rêvait de revêtir le maillot jaune par le biais des bonifications, comme il l'avait fait l'année précédente, est victime d'une chute provoquée par l'un de ses coéquipiers à 8 km de l'arrivée[7]. Malgré la longue échappée animée par Jacky Durand, le peloton n'a aucun mal à contrôler la course et c'est le sprinteur belge Tom Steels qui remporte sa première victoire d'étape dans le Tour de France[7].
![Photographie en gros plan d'un cycliste portant des lunettes et un maillot rose et bleu.](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/8c/Jan_SVORADA.jpg/220px-Jan_SVORADA.jpg)
Le lendemain, la deuxième étape est fatale au leader de la course Chris Boardman : victime d'une chute à 50 km de l'arrivée, il est contraint à l'abandon, pour la quatrième fois depuis ses débuts dans l'épreuve en 1994[8]. De nombreux incidents émaillent la course : Federico De Beni, de l'équipe Riso Scotti, percute une jeune spectatrice de 11 ans qui est évacuée vers l'hôpital et placée dans un coma artificiel[8]. Le coureur poursuit la course mais il abandonnera deux jours plus tard. Enfin, à 7 km du terme de l'étape, des rafales de vent provoquent une nouvelle chute dans laquelle sont pris de nombreux leaders, parmi lesquels Richard Virenque, Laurent Jalabert et Abraham Olano[8]. À l'arrivée, le Tchèque Ján Svorada, coéquipier de Tom Steels, s'impose au sprint tandis que l'Allemand Erik Zabel endosse le maillot jaune grâce aux bonifications acquises en cours d'étape[8].
Retour en France : de la Bretagne au Limousin (3e-6e étapes)
![Photographie en gros plan d'un cycliste portant une casquette et un maillot vert et blanc.](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b3/Stuart_O%27GRADY.jpg/220px-Stuart_O%27GRADY.jpg)
Dès l'arrivée de la 2e étape, les coureurs embarquent à bord de plusieurs Airbus A320 affrétés spécialement pour leur transfert de Cork à Brest. Le lendemain, , jour de fête nationale, une échappée de neuf coureurs anime l'étape entre Roscoff et Lorient. Xavier Jan et Jens Heppner parviennent à s'extraire dans les derniers kilomètres et c'est ce dernier qui s'impose, mais le coureur danois Bo Hamburger, membre de l'équipe Casino et quatrième de l'étape, s'empare du maillot jaune grâce aux secondes de bonifications qu'il empoche lors des différents sprints intermédiaires[9].
Les trois étapes suivantes s'achèvent par un sprint massif. Dans la 4e étape entre Plouay et Cholet, l'Australien Stuart O'Grady réussit le coup parfait. Échappée la veille, il pointe au 3e rang du classement général à seulement trois secondes de Bo Hamburger[10]. Dès le premier sprint intermédiaire, il bénéficie du travail de son coéquipier Frédéric Moncassin pour empocher les secondes de bonification qui font de lui le nouveau leader de la course. À l'arrivée, le Néerlandais Jeroen Blijlevens s'impose : sprinteur très endurant, il remporte une étape chaque année depuis ses débuts dans le Tour en 1995[10].
Malchanceux depuis le départ à Dublin, Mario Cipollini évite les chutes dans le final vers Châteauroux et remporte la 5e étape au terme d'un sprint houleux[11]. Il récidive le lendemain à Brive-la-Gaillarde, lors d'une arrivée à laquelle participent cette fois l'ensemble des meilleurs finisseurs[11]. Stuart O'Grady, blessé à la cuisse et au genou droit après une chute dans la 5e étape, résiste aux assauts de George Hincapie qui convoite les bonifications, et parvient à conserver son maillot jaune[11].
Dans la chaleur du Sud-Ouest (7e-9e étapes)
![Photographie en gros plan d'un cycliste portant un maillot rouge, bleu et blanc.](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/74/Laurent_DESBIENS.jpg/220px-Laurent_DESBIENS.jpg)
Empêtrés dans une affaire de dopage depuis le départ du Tour, les coureurs de l'équipe Festina sont exclus par la direction de course à la veille du contre-la-montre[12]. Dans ce climat lourd de tension, Jan Ullrich, le vainqueur sortant, rassure les observateurs sur sa condition physique. Il se montre le plus rapide sur les 58 km du parcours tracé entre Meyrignac-l'Église et Corrèze, devant les Américains Tyler Hamilton et Bobby Julich. Ullrich prend également la tête du classement général où Laurent Jalabert, quatrième, confirme sa bonne forme[13].
Les deux étapes suivantes, disputées sous une chaleur accablante, sont favorable aux baroudeurs. Entre Brive-la-Gaillarde et Montauban, une échappée prend le large en bénéficiant de l'apathie du peloton : l'équipe Telekom, de Jan Ullrich, considère qu'il est encore trop tôt pour défendre le maillot jaune et veut préserver ses forces. Dans ce contexte, l'étape sourit aux coureurs français : tandis que la victoire revient à Jacky Durand, qui domine au sprint ses compagnons de route, Laurent Desbiens, cinquième de l'étape, endosse le maillot jaune[14]. Le lendemain vers Pau, une groupe de quatre coureurs parvient à conserver une douzaine de secondes d'avance sur le peloton. Léon van Bon s'impose devant Jens Voigt, Massimiliano Lelli et Christophe Agnolutto[15].
Traversée des Pyrénées (10e et 11e étapes)
![Photographie d'un cycliste suivi d'une moto et entouré par la foule dans une ascension.](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e5/Marco_Pantani%2C_1997.jpg/220px-Marco_Pantani%2C_1997.jpg)
La première étape pyrénéenne est celle des grands cols. Les coureurs doivent gravir les cols d'Aubisque, du Tourmalet, d'Aspin et de Peyresourde, avant une descente de 15 km vers Luchon. Échappé dès la première ascension, le grimpeur italien Rodolfo Massi, très brillant depuis le début de la saison, se défait de ses compagnons de route dans le dernier col pour remporter sa première victoire d'étape, la deuxième en quatre jours pour son équipe Casino. Derrière, les favoris se livrent une première bataille : Marco Pantani attaque à deux kilomètres du sommet du col de Peyresourde et prend la deuxième place de l'étape, ce qui lui permet de remonter au 11e rang du classement général, à 4 min 41 s de Jan Ullrich, nouveau leader. Laurent Jalabert et Abraham Olano figurent parmi les coureurs distancés, mais ils préservent tous deux une bonne place au classement général, respectivement 4e et 6e, dans une étape qui enregistre 17 abandons, un record depuis dix ans[16].
Pantani marque de nouveau les esprits le lendemain, en plaçant une accélération dès le pied de l'ascension finale vers le plateau de Beille. Il franchit la ligne d'arrivée en vainqueur et remporte la cinquième étape de sa carrière sur le Tour, tandis que Jan Ullrich, qui a perdu beaucoup d'énergie pour rejoindre le peloton à la suite d'une crevaison à 15 km de l'arrivée, concède 1 min 40 s à son rival. Pantani s'affirme alors comme le meilleur grimpeur de cette édition, et remonte au 4e rang du classement général, dans le même temps que Laurent Jalabert, 3e[17]. Dans leur sillage, le nombre des favoris s'amoindrit : outre l'abandon d'Olano[17], les deux leaders de La Française des Jeux, Evgueni Berzin et Stéphane Heulot, encore membres du top 10 la veille, concède plus de quatre minutes.
Des Pyrénées aux Alpes
La 12e étape au départ de Tarascon-sur-Ariège est marquée par une grève des coureurs, qui entendent protester contre les diverses perquisitions et gardes à vue opérées la veille, lors de la journée de repos. Tous les coureurs mettent pied à terre au niveau du départ réel et s'assoient sur la chaussée[18],[19]. Sur les ondes de Radio Tour, Laurent Jalabert s'emporte : « Puisque le cyclisme passe au second plan, puisque ça n'intéresse personne que l'on fasse du sport, alors on ne fera pas de vélo »[19]. Le départ est finalement donné avec deux heures de retard et l'étape s'achève au Cap d'Agde par la victoire au sprint de Tom Steels[19].
Les deux étapes suivantes, dites de transition, sourient aux baroudeurs et n'apportent aucun changement au classement général. C'est Daniele Nardello qui s'impose à Carpentras, en réglant au sprint ses cinq compagnons d'échappée, puis Stuart O'Grady à Grenoble, dans la même configuration[20].
Le Tour de France bascule dans la 15e étape entre Grenoble et la station des Deux Alpes. La pluie et le froid rendent encore plus difficiles cette étape qui comprend, outre l'ascension finale, celles du col de la Croix-de-Fer et du col du Galibier. C'est sur les pentes de ce dernier que Marco Pantani place une attaque décisive. Il creuse rapidement l'écart sur le groupe des favoris puis rejoint les derniers coureurs échappés, le porteur du maillot à pois Rodolfo Massi, Fernando Escartín et Christophe Rinero. Pantani s'isole dès le début de l'ascension vers Les Deux Alpes et continue de creuser les écarts sur les autres leaders : à l'arrivée, Jan Ullrich concède près de neuf minutes et Marco Pantani endosse le maillot jaune pour la première fois de sa carrière[21]. Bobby Julich, deuxième du classement général, pointe à 3 min 53 s du nouveau leader, et Jan Ullrich à 5 min 56 s. Parmi les grands battus du jour figure Laurent Jalabert, qui passe de la 3e à la 2e place du classement général[21].
Jan Ullrich réagit dès le lendemain dans la 16e étape entre Vizille et Albertville, en attaquant dès le pied de la dernière ascension de la journée, le col de la Madeleine[22]. Pantani ne cède rien et parvient à l'accompagner jusqu'à la ligne d'arrivée, laissant la victoire d'étape à Ullrich. Le grimpeur italien réalise par ailleurs une excellente affaire puisque son plus proche poursuivant, Bobby Julich, est distancé, et accuse désormais un retard de 5 min 42 s[22]. Grand animateur de l'étape, Stéphane Heulot passe en tête de quatre des cinq cols de la journée et remonte à la 17e place du classement général[23].
Une fin de Tour sous tension
La 17e étape est entièrement neutralisée à la suite d'un nouveau mouvement de grève de la part des coureurs. Le peloton se montre solidaire des membres de l'équipe TVM, interpellés la veille après l'arrivée à Albertville pour être entendus dans le cadre d'une affaire de dopage dont l'instruction a commencé avant le départ du Tour[24][25],. Le directeur de la course, Jean-Marie Leblanc, se dit lui-même choqué du traitement infligé aux coureurs[24]. Dès le départ réel de l'étape, les coureurs roulent au pas, avant de mettre pied à terre dans la ligne droite qui précède le premier sprint intermédiaire de la journée, à Saint-Jorioz[26]. Tandis que les coureurs repartent, pour la plupart sans dossard, l'ensemble de la formation ONCE, l'équipe de Laurent Jalabert, décide de quitter la course à la demande de son directeur sportif, Manolo Saiz[26]. Désigné porte-parole du peloton, le Danois Bjarne Riis, vainqueur du Tour de France 1996, réclame auprès de la direction de course des garanties sur les interventions policières[25],[24]. Les coureurs mettent pied à terre une nouvelle fois, au sommet du Semnoz, pour que Riis rende compte de ses négociations, puis décident de rejoindre l'arrivée en convoi, sans disputer l'étape. Au ravitaillement de Lescheraines, c'est au tour des équipes Banesto et Riso Scotti de quitter la course[26]. Il est seulement 19 h 30 quand le peloton rejoint l'arrivée à Aix-les-Bains, laissant symboliquement les coureurs de l'équipe TVM franchir la ligne les premiers[24].
![Photographie d'un cycliste en course.](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a1/Magnus_Backstedt_1998.jpg/220px-Magnus_Backstedt_1998.jpg)
Avant le départ de la 18e étape, deux autres formations quittent la course : l'équipe Kelme, dont le leader Fernando Escartín occupe la 4e place du classement général, et l'équipe Vitalicio Seguros. Le porteur du maillot à pois, Rodolfo Massi, placé en garde à vue, est lui aussi non-partant. Son poursuivant au classement du meilleur grimpeur, Christophe Rinero, refuse pourtant d'endosser le maillot, par respect[27]. À Neuchâtel, Tom Steels parvient à déborder Erik Zabel pour remporter sa troisième victoire d'étape[28]. Le lendemain, c'est une longue échappée qui anime la course en direction d'Autun, à l'initiative de Pascal Deramé. Dans les derniers mètres, Magnus Bäckstedt fait parler sa puissance pour devancer ses compagnons d'échappée. Il s'agit de la première victoire d'étape suédoise dans l'histoire du Tour de France, et de la troisième pour l'équipe Gan lors de cette édition[28].
Jan Ullrich confirme sa domination en contre-la-montre et remporte la 20e étape entre Montceau-les-Mines et Le Creusot, ce qui lui permet de s'emparer de la deuxième place du classement général aux dépens de Bobby Julich[27]. Le Tour de France s'achève le lendemain par la traditionnelle étape des Champs-Élysées, que Tom Steels remporte au sprint. Avec quatre victoire d'étapes, il est le coureur le plus prolifique de cette édition[29].
Dopage
Le Tour de France 1998 s'ouvre dans un climat délétère. Trois jours avant le grand départ, le , Willy Voet, soigneur de l'équipe Festina, est interpelé lors d'un contrôle de routine au poste-frontière de Neuville-en-Ferrain, à hauteur du hameau flamand de Dronckaert[30],[31]. Dans le coffre de son véhicule, les douaniers découvrent 235 ampoules d'érythropoïétine (EPO), 120 capsules d'amphétamines, 82 solutions d'hormones de croissance et 60 flacons de testostérone[32]. Placé en garde à vue, Willy Voet finit par avouer et dit avoir agi à la demande de sa direction. Il est écroué à la prison de Loos, tandis que le siège de son équipe est perquisitionné par la police[31]. C'est le début de l'affaire Festina, qui aboutit à l'exclusion de l'ensemble des coureurs de l'équipe avant le départ de la 7e étape[31],[30].
L'enquête de police continue pendant l'épreuve. Après leurs managers interrogés lors de la journée de repos[33], les coureurs de l’équipe TVM subissent une garde à vue de nuit entre la 16e et la 17e étape. À la suite de cette intervention, une grève des coureurs, qui s'arrêtent au pied du mont Semnoz, entraîne l'annulation de l'étape entre Albertville et Aix-les-Bains, où la ligne d'arrivée est franchie au pas derrière 4 coureurs de TVM, avec le soutien du public[34]. Les équipes espagnoles, dont les Once-Deutsche Bank avec Laurent Jalabert et les Banesto avec Abraham Olano, se retirent alors de la compétition. La direction de la course, sous la coordination de Jean-Marie Leblanc, parvient à sauver cette édition en maintenant les dernières étapes et l'arrivée à Paris.
Le , la commission d'enquête sénatoriale sur l'efficacité de la lutte antidopage publie son rapport, comprenant une liste de coureurs contrôlés rétrospectivement positifs à l'EPO. On y retrouve, entre autres, Marco Pantani (vainqueur), Jan Ullrich (deuxième du classement général et vainqueur de trois étapes), Erik Zabel (vainqueur du classement par points), Andrea Tafi, Bo Hamburger, Laurent Jalabert, Marcos Serrano, Jens Heppner, Jeroen Blijlevens, Nicola Minali, Mario Cipollini, Fabio Sacchi, Eddy Mazzoleni, Jacky Durand, Abraham Olano, Laurent Desbiens, Manuel Beltrán et Kevin Livingston. D'autres coureurs ont un contrôle positif « litigieux » : Bobby Julich (troisième du classement général), Ermanno Brignoli, Alain Turicchia, Pascal Chanteur, Frédéric Moncassin, Roland Meier, Giuseppe Calcaterra, Stefano Zanini, Stéphane Barthe, Stuart O'Grady (porteur du maillot jaune) ou encore Axel Merckx[35]. Parmi ces coureurs, Jacky Durand et Stuart O'Grady reconnaissent dès le lendemain de la publication du rapport s'être dopés lors de ce Tour de France[36],[37].
Plusieurs coureurs ont entretemps admis s'être dopés à cette époque. C'est notamment le cas de Luc Leblanc, de l’équipe Polti et non-partant à la 18e étape, qui a avoué en 2000 lors du procès de l’affaire Festina s’être dopé sur plusieurs courses à partir de 1994 (notamment le Tour 1994 et la Vuelta de la même année)[38]. Bobby Julich, troisième de ce Tour, a aussi avoué en avoir employé de l'EPO entre et [39]. Philippe Gaumont, coéquipier de Julich chez Cofidis, a affirmé en 2005 que tous les coureurs de l'équipe participant au Tour de France avaient été préparés de la même manière par le docteur Vezzani, médecin de l'équipe, qui leur « envoyait en colis express de l'EPO et des hormones de croissance, emballés dans des packs de glace »[40]. Michael Boogerd a également avoué début 2013 s'être dopé de 1997 à 2007[41]. Les coureurs de Festina ont, quant à eux, avoué devant les enquêteurs peu après leur départ du Tour 1998, à l'exception des Français Pascal Hervé et Richard Virenque et de l’Australien Neil Stephens qui nient un dopage de leur plein gré[42], Hervé et Virenque avouent à leur tour deux ans plus tard durant le procès[43],[44].
Étapes
- ↑ L'étape a été neutralisée par les coureurs en raison des derniers développements de l'affaire Festina.
Classements
Classement général final
La victoire se dispute entre l'Allemand Jan Ullrich et l'Italien Marco Pantani. Ce dernier prend un ascendant décisif sur son adversaire en s'imposant avec la manière lors de la 15e étape Grenoble-Les Deux-Alpes. Ullrich remporte bien trois étapes sur ce Tour, mais c'est insuffisant pour revenir sur Pantani, premier Italien à s'imposer sur le Tour depuis Felice Gimondi en 1965.
Moyenne du vainqueur : 39,983 km/h.
Classements annexes finals
Classement du meilleur jeune
| Classement de la combativité
|
Classement par équipes
Classement par équipes[50],[55] | |||
---|---|---|---|
Équipe | Pays | Temps | |
1re | Cofidis-Le Crédit par Téléphone | ![]() | en 278 h 29 min 58 s |
2e | Casino | ![]() | + 29 min 9 s |
3e | US Postal Service | ![]() | + 41 min 40 s |
4e | Deutsche Telekom | ![]() | + 46 min 1 s |
5e | Lotto-Mobistar | ![]() | + 1 h 4 min 14 s |
6e | Polti | ![]() | + 1 h 6 min 32 s |
7e | Rabobank | ![]() | + 1 h 46 min 20 s |
8e | Mapei-Bricobi | ![]() | + 1 h 59 min 53 s |
9e | BigMat-Auber 93 | ![]() | + 2 h 3 min 32 s |
10e | Mercatone Uno-Bianchi | ![]() | + 2 h 23 min 4 s |
modifier ![]() |
Évolution des classements
Étape | Vainqueur | Classement général![]() | Classement par points![]() | Classement de la montagne![]() | Classement du meilleur jeune | Classement par équipes | Prix de la combativité | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Étape ![]() | Leader | |||||||
P | Chris Boardman | Chris Boardman | Chris Boardman | non décerné | Jan Ullrich | Festina-Lotus | non décerné | |
1 | Tom Steels | Tom Steels | Stefano Zanini | Jacky Durand | Jacky Durand | |||
2 | Ján Svorada | Erik Zabel | Christophe Agnolutto | |||||
3 | Jens Heppner | Bo Hamburger | Ján Svorada | Pascal Hervé | George Hincapie | Casino | Bo Hamburger | |
4 | Jeroen Blijlevens | Stuart O'Grady | Stuart O'Grady | Jacky Durand | ||||
5 | Mario Cipollini | Erik Zabel | Aart Vierhouten | |||||
6 | Mario Cipollini | Max Sciandri | ||||||
7 | Jan Ullrich | Jan Ullrich | Stefano Zanini | Jan Ullrich | Deutsche Telekom | non décerné | ||
8 | Jacky Durand | Laurent Desbiens | Cofidis-Le Crédit par Téléphone | Andrea Tafi | ||||
9 | Léon van Bon | Jens Voigt | Jens Voigt | |||||
10 | Rodolfo Massi | Jan Ullrich | Rodolfo Massi | Cédric Vasseur | ||||
11 | Marco Pantani | Roland Meier | ||||||
12 | Tom Steels | Laurent Jalabert | ||||||
13 | Daniele Nardello | Andrea Tafi | ||||||
14 | Stuart O'Grady | Giuseppe Calcaterra | ||||||
15 | Marco Pantani | Marco Pantani | Christophe Rinero | |||||
16 | Jan Ullrich | Stéphane Heulot | ||||||
17 | —[N 1] | non décerné | ||||||
18 | Tom Steels | Christophe Rinero | Christophe Mengin | |||||
19 | Magnus Bäckstedt | Jacky Durand | ||||||
20 | Jan Ullrich | non décerné | ||||||
21 | Tom Steels | Pascal Chanteur | ||||||
Classements finals | Marco Pantani | Erik Zabel | Christophe Rinero | Jan Ullrich | Cofidis-Le Crédit par Téléphone | Jacky Durand |
- ↑ Étape neutralisée par les coureurs.
Liste des coureurs
Légende | |||
---|---|---|---|
Num | Dossard de départ porté par le coureur sur ce Tour de France | Pos | Position finale au classement général |
![]() | Indique le vainqueur du classement général | ![]() | Indique le vainqueur du classement par points |
![]() | Indique le vainqueur du classement de la montagne | ![]() | Indique le vainqueur du classement du meilleur jeune |
![]() | Indique la meilleure équipe | ![]() | Indique le super combatif |
| Indique un maillot de champion national ou mondial, suivi de sa spécialité | NP | Indique un coureur qui n'a pas pris le départ d'une étape, suivi du numéro de l'étape où il s'est retiré |
AB | Indique un coureur qui n'a pas terminé une étape, suivi du numéro de l'étape où il s'est retiré | HD | Indique un coureur qui a terminé une étape hors des délais, suivi du numéro de l'étape |
EX | Coureur exclu pour non-respect du règlement, suivi du numéro de l'étape | * | Indique un coureur en lice pour le classement du meilleur jeune (coureurs nés après le 1er janvier 1973) |
|
Notes et références
- ↑ a b et c La grande histoire du Tour de France, p. 14.
- ↑ La grande histoire du Tour de France, p. 14.
- ↑ a b c et d La grande histoire du Tour de France, p. 13.
- ↑ a et b La grande histoire du Tour de France, p. 18-19.
- ↑ « 85ème Tour de France 1998 - Prologue », sur memoire-du-cyclisme.eu (consulté le ).
- ↑ Augendre 1998, p. 17.
- ↑ a et b La grande histoire du Tour de France, p. 22-23.
- ↑ a b c et d La grande histoire du Tour de France, p. 24-25.
- ↑ La grande histoire du Tour de France, p. 26.
- ↑ a et b La grande histoire du Tour de France, p. 27.
- ↑ a b et c La grande histoire du Tour de France, p. 28-29.
- ↑ La grande histoire du Tour de France, p. 32-33.
- ↑ La grande histoire du Tour de France, p. 30-31.
- ↑ La grande histoire du Tour de France, p. 34.
- ↑ La grande histoire du Tour de France, p. 35.
- ↑ La grande histoire du Tour de France, p. 38-39.
- ↑ a et b La grande histoire du Tour de France, p. 40-41.
- ↑ Angel Cavicchiolo et André Chaxel, « Les heures sombres du Tour en Ariège », La Dépêche du midi, (lire en ligne).
- ↑ a b et c La grande histoire du Tour de France, p. 44-45.
- ↑ La grande histoire du Tour de France, p. 46-47.
- ↑ a et b La grande histoire du Tour de France, p. 48-49.
- ↑ a et b La grande histoire du Tour de France, p. 50-51.
- ↑ La grande histoire du Tour de France, p. 50.
- ↑ a b c et d La grande histoire du Tour de France, p. 51.
- ↑ a et b Blandine Hennion, « Le dopage au grand jour », Libération, (lire en ligne).
- ↑ a b et c « 17e étape du Tour de France 1998 », sur memoireducyclisme.eu (consulté le ).
- ↑ a et b La grande histoire du Tour de France, p. 57.
- ↑ a et b La grande histoire du Tour de France, p. 54-55.
- ↑ La grande histoire du Tour de France, p. 58-59.
- ↑ a et b Louise Hemmerle, « RECIT. Tour de France : le 17 juillet 1998 ou quand le dopage organisé de l'équipe Festina a fait exploser le peloton », sur France Info, (consulté le ).
- ↑ a b et c La grande histoire du Tour de France.
- ↑ Jérôme Decoster, « 1998 : Willy Voet est arrêté, l'affaire Festina commence », sur Le Parisien, (consulté le ).
- ↑ Journée mouvementée à Lyon, à Lille, dans l'Ariège... Dopage: la justice poursuit son Tour de France. Après l'exclusion des Festina, le Tour de France n'en a pas fini avec le dopage. Les soupçons se portent désormais sur l'équipe TVM, dont plusieurs membres ont été entendus hier. Libération, Philippe Rochette, 24 juillet 1998
- ↑ Arrivée groupée du peloton, solidaire avec les TVM France Télévision, archivé par INA.fr, 29 juil. 1998 1min 46s
- ↑ « Dopage : la liste noire du Tour de France 1998 », sur lemonde.fr,
- ↑ « Dopage : "Personne n'est dupe", estime Jacky Durand », sur lemonde.fr, (consulté le )
- ↑ « Dopage: Stuart O'Grady avoue avoir pris de l'EPO », sur 20minutes.fr,
- ↑ Reuters - Yahoo, « Cyclisme : Luc Leblanc dénonce la "dictature" de l'UCI », sur cyclisme-dopage.com, (consulté le )
- ↑ (en) « Exclusive: Bobby Julich doping confession », sur cyclingnews.com, (consulté le )
- ↑ Philippe Gaumont, Prisonnier du dopage, Paris, Bernard Grasset, , 300 p. (ISBN 978-2-2466-8431-2), p. 66-67
- ↑ « Michael Boogerd avoue s'être dopé dix ans durant », sur liberation.fr,
- ↑ « L’EPOlar, feuilleton de l’été 1998 », sur liberation.fr, (consulté le )
- ↑ Reuters - Yahoo, « Festina - Pascal Hervé: "Oui je me suis dopé" », sur cyclisme-dopage.com, (consulté le )
- ↑ Reuters - Yahoo, « Festina - Richard Virenque se livre et compromet son avenir », sur cyclisme-dopage.com, (consulté le )
- ↑ « 85ème Tour de France 1998 », Mémoire du cyclisme (consulté le )
- ↑ « Le Tour de France report » [archive du ], Union Cycliste Internationale (consulté le )
- ↑ Bacon 2014, p. 210.
- ↑ « The history of the Tour de France – Year 1998 – The stage winners », sur Tour de France, Amaury Sport Organisation (consulté le )
- ↑ « Stage 21: Melun – Paris-Champs-Élysées (147,5 km): Overall standings » [archive du ], sur Tour de France, Amaury Sport Organisation (consulté le )
- ↑ a b c d et e « Les classements annexes du 85e Tour de France », Le Soir, , p. 21-22 (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Stage 21: Melun – Paris-Champs-Élysées (147,5 km): Overall sprinters » [archive du ], sur Tour de France, Amaury Sport Organisation (consulté le )
- ↑ « Stage 21: Melun – Paris-Champs-Élysées (147,5 km): Overall climbers » [archive du ], sur Tour de France, Amaury Sport Organisation (consulté le )
- ↑ « Stage 21: Melun – Paris-Champs-Élysées (147,5 km): Overall youth » [archive du ], sur Tour de France, Amaury Sport Organisation (consulté le )
- ↑ « Stage 21: Melun – Paris-Champs-Élysées (147,5 km): Overall combativity » [archive du ], sur Tour de France, Amaury Sport Organisation (consulté le )
- ↑ « Stage 21: Melun – Paris-Champs-Élysées (147,5 km): Overall team » [archive du ], sur Tour de France, Amaury Sport Organisation (consulté le )
- ↑ « Tour de France 1998 – Leaders overview » [archive du ], sur ProCyclingStats (consulté le )
- ↑ (nl) Pieter van den Akker, « Informatie over de Tour de France van 1998 » [« Information about the Tour de France from 1998 »] [archive du ], sur TourDeFranceStatistieken.nl (consulté le )
Bibliographie
- Jacques Augendre, Tour de France 1998 : le livre officiel, Solar, , 120 p. (ISBN 978-2263027130).
- Ellis Bacon, Mapping Le Tour: Updated History and Route Map of Every Tour de France Race, Glasgow, UK, HarperCollins, (ISBN 978-0-00-754399-1, lire en ligne)
- Noémie Sudre, 1998 : Pantani dans la tourmente, L'Équipe, Cobra, coll. « La Grande histoire du Tour de France » (no 32), , 62 p. (ISBN 978-2-8152-0324-1).
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Tour de France 1998 sur letour.fr
- (en) Tour de France 1998 sur bikeraceinfo.com
- Le dico du Tour / Le Tour de France 1998
v · m Étapes du Tour de France 1998 | |
---|---|
| |
|
v · m | |
---|---|
Éditions |
|
Classements |
|
Étapes |
|
Organisation |
|
Médias | |
Histoire |
|
Autre |
Portail du Tour de France
Portail des années 1990